C'est un beau plaisir de faire un voyage marin avec Marc Baumann, d'arpenter avec lui les plages, scruter les sables, palper, retourner, caresser les galets, découvrir les transparences, les reflets des flaques abandonnées par le reflux. Vous pourriez déceler, dans ses toiles antérieures, dominées par les grandes verticales des mâts de bateaux se balançant dans les ports de la côte charentaise qu'il est si enthousiaste toujours de rejoindre.

Les structures des toiles actuelles, plus intériorisées, mêlent leur émoi, une complexité nouvelle devant la richesse prodigieuse des sables, la simplicité fruste ou, au contraire, la subtilité des jeux de formes et de couleurs des galets délaissés par la marée, sur les plages toutes bruissantes encore de remuements, brillantes de reflets diaprés.

Ces grandes constructions colorées, traversées par des zébrures musicales, des enchainements d'effervescences aux formes rondés qui s'interpénètrent ou s'accolent, deviennent de fabuleux concertos où les garences et l'outremer dialoguent avec la masse orchestrale des ocres, des sables. Nous décelons encore, mezza voce, les nuances, les profondeurs sourdes, les flaques délicates des eaux océanes.

C'est une palette bien à lui que manie Marc Baumann, qu'il explore au sein d'une architecture spécifique, qui nous imprègne, qui nous parle et nous accompagne de ses confidences, de ses doutes, de ses passions; il sait nous dire de façon aigue tout le plaisir qu'il trouve aux matins et aux soirs qui lui sont donnés dans leur lumière fragile et pourtant dense. Bonheur du peintre qu'il communique amicalement et intensément au spectateur attentif.

Jean VEILLET